Gaël Monfils a mené deux sets à zéro et obtenu deux balles de match face à Roger Federer, jeudi, en quarts de finale de l'US Open. Mais ça n'a pas suffi pour avoir la peau du Suisse, qualifié pour sa 36e demi-finale en Grand Chelem (4-6, 3-6, 6-4, 7-5, 6-2).
La défaite est difficile, le coup dur à encaisser. Gaël Monfils avait tout bien fait, jeudi, pour réussir l'authentique exploit de priver Roger Federer d'une 36e demi-finale dans une levée du Grand Chelem. Le Français, qui n'a lui atteint ce stade qu'à une seule reprise, en 2008 à Roland-Garros, a longtemps eu le Suisse dans le tamis de sa raquette, au point même de s'offrir deux balles de match dans la quatrième manche. Mais un bel enchaînement service-volée du n°3 mondial suivi d'un coup droit gagnant et le sort de ce quart de finale de l'US Open venait de tourner. Car Monfils ne s'en est jamais remis.
Appliqué et plein d'audace, le Tricolore a d'abord survolé les débats, sous le regard médusé d'un public américain qui adore son jeu spectaculaire. Après moins d'une heure vingt de jeu, le Français avait empoché les deux premiers sets (6-4, 6-3) et on l'imaginait alors capable de terrasser Federer, alors sans réponse. Mais le quintuple vainqueur du Majeur new-yorkais a de la ressource. Après avoir longtemps subi la lourdeur des coups de Monfils, le Suisse s'est réglé, et sa régularité a fini par le sauver. "J'ai joué de mieux en mieux au fur et à mesure du match et ça fait du bien", appréciait le vainqueur un peu plus tard. Un Federer qui, baladé pendant deux sets, s'estimait néanmoins heureux quand, sur la première balle de match qu'il eut à écarter à 4-5 sur son jeu de service dans le quatrième set, il vit le passing du Français sortir pour quelques centimètres. "Je me suis dit : « Non pas possible » quand la balle est revenue, et j'ai été soulagé de voir qu'elle était dehors !"
La chance d'une carrière
A l'issue de ce jeu charnière, qui a permis à Federer de recoller à 5-5, les deux joueurs ont eu droit à une belle standing ovation des 22 000 spectateurs du court Arthur-Ashe, fascinés parc ce qu'ils voyaient. Après coup, cette salve d'applaudissements sonnait presque comme la fin du spectacle, car derrière Monfils allait lâcher dans la tête et, comme quoi les deux sont souvent liés, physiquement. Revenu de nulle part, Federer déroulait pour empocher huit des neuf jeux suivants, faisant cavalier seul dans un cinquième set bouclé en 27 minutes.
Monfils, dont on connait les hauts et les bas, a peut-être manqué la chance de sa carrière de disputer une finale dans un tournoi du Grand Chelem. Ce n'est pas manquer de respect à Marin Cilic que de penser que le Français, âgé de 28 ans depuis lundi dernier, avait une belle occasion de franchir un tour de plus en cas de victoire face à Federer. La qualité de son jeu proposé à Flushing Meadows, et surtout sa faculté à répéter les bons matches - ce qu'il a souvent du mal à faire - auraient pu l'emmener plus loin. Mais pour un petit point, Monfils, qui va désormais devoir récupérer pour bien préparer la demi-finale de Coupe Davis, risque de nourrir quelques regrets éternels
